Depuis la signature d'un accord entre le MEDEF et les syndicats minoritaires révisant le dispositif spécifique de leur assurance-chômage, les professionnels du spectacle, de l’audiovisuel et du cinéma appellent à la grève.

Ce statut des intermittents crée en 1936 puis généralisé en 1969 permet à l'ensemble de ces travailleurs de survivre entre leurs créations : danse, musique, théâtre, cinéma, reportage, etc.

 

Nous refusons l’accord du 27 Juin 2003 et demandons l'ouverture d'une nouvelle négociation qui doit être articulée autour d’une concertation nationale sur les politiques culturelles.

 

? IL EST FAUX DE DIRE que la caisse d'assurance-chômage de l'UNEDIC est déficitaire

 

Cette caisse est bâtie sur le principe de la «solidarité interprofessionnelle» regroupant tous les salariés à l'exception des fonctionnaires, des artisans, des agriculteurs et des professions libérales. Or, cette caisse n'est pas déficitaire, mais bien excédentaire : 37 millions de Francs en 2001 ! (source UNEDIC).

 

? IL EST FAUX DE DIRE que le revenu moyen d'un intermittent est souvent supérieur ou égal au SMIC

 

Sur les 110.000 intermittents et 420.000 permanents professionnels de la Culture qui travaillent et cotisent, seuls 57.600 d'entre eux accèdent au système d'indemnisation de l’assurance-chômage.

Parmi ces derniers, 50% vivent en-dessous du S.M.I.C. avec des revenus proches du R.M.I. !

 

? IL EST FAUX DE DIRE que nous ne travaillons que 507 heures par an

 

Si la loi prévoit que toutes nos heures de travail doivent être rémunérées, la réalité est toute autre :

Le travail d'un professionnel intermittent ne se limite pas aux prestations qu'il réalise sur scène, sur un plateau de tournage ou dans un studio. Ce sont alors des centaines d’heures pour inventer, organiser, répéter, puis vendre les spectacles, films, etc. Dans ces périodes non rémunérées, l'intermittent n'est pas en vacances : il se forme, répète, s’entraîne, prépare sa prochaine création, gère sa micro-entreprise culturelle, etc.

L'accord du 27 juillet 2003 tel qu'il est actuellement formulé aura pour conséquence directe l'élimination de plus de 30% de la profession. Mais, plus grave, il ne supprimera en rien les défaillances d'un système qui permet tous les abus aux grosses entreprises de production privées comme publiques obligeant leurs employés à une précarité qu'elles pourraient éviter.

Ce sont précisément ces gros industriels du spectacle et de l’audiovisuel (les grosses sociétés de production télévisuelles et toutes les chaînes comme TF1, France 2, France 3 et M6) qui abusent le plus du système de l'intermittence, s'enrichissant sur le dos du contribuable en faisant travailler de façon permanente du personnel audiovisuel qu'elles déclarent sous le régime de l'intermittence.

 

? IL EST FAUX DE DIRE que les intermittents ne veulent pas remettre en cause leur statut

 

Des propositions avaient été faites par différentes fédérations du spectacle, de l’audiovisuel et du cinéma en juin 2000 pour réformer ce dispositif d'assurance-chômage. Ces propositions, dites Accords F.E.S.A.C., ont été rejetées par le principal syndicat patronal sans position d'arbitrage de la part du Gouvernement.

Une réforme est bien nécessaire, mais en concertation réelle avec les représentants de nos professions.

Clairement, le MEDEF n'a pas voulu de ces Accords F.E.S.A.C. pour 3 raisons très concrètes :

- 1°) Ces accords ne défendent pas les intérêts des gros industriels du secteur qui font précisément fortune grâce à des spectacles à forte rentabilité : Loft Story, Nice people, Star Academy, etc. Le MEDEF, qui défend la cause la cause de ces grosse sociétés, a donc intérêt à ce que le spectacle et le cinéma indépendant, dont le contenu rentre souvent en contradiction avec les valeurs d'idéologie ultra-libérale, disparaisse et fasse place nette à la seule culture de divertissement.

- 2°) Le véritable objectif du MEDEF, comme on l'aura compris, n'est pas de combler le «trou» de l'UNEDIC, mais de précariser les professionnels intermittents, de les transformer en main d'oeuvre docile et bon marché et de neutraliser leurs habituelles réticences envers les modèles de société policière.

- 3°) Au-delà même du «régime intermittent», ce sont déjà 877.600 bénéficiaires du «régime général» qui ont été poussés hors du système d'indemnisation de l’assurance-chômage !

Au 1er Janvier 2004, ce sont 377.000 allocataires de plus qui seront exclus du système d'indemnisation, tandis les plus «chanceux» verront leurs allocations réduite d'au moins un tiers !

 

? IL EST FAUX DE DIRE qu'avec ce nouveau projet de loi le statut de l'intermittence est sauvé

 

Ce statut aligne simplement l'intermittence sur le régime précaire de l'intérim et des emplois C.D.D.

 

? ENFIN ET SURTOUT, IL EST FAUX DE DIRE que la grève des professionnels du spectacle prend le public en otage

 

Ce n'est que poussé dans ses derniers retranchements et la mort dans l’âme qu'un technicien décide de ne pas mettre en oeuvre toutes ses compétences au profit d'un spectacle ou qu'un artiste décide de ne pas jouer devant le public pour qui il s'est entraîné si longtemps. Quand un professionnel décide de ne pas jouer, c'est lui qu'il prive en premier !